Un orage d’été - Épisode 1
by Annie Rains
Une goutte tombe.
Puis une autre.
Les prévisions annonçaient du soleil...
Mais le ciel s’est assombrit tout à coup.
Le tonnerre gronde.
Je m’arrête brusquement...
J’aurais mieux fait de rester à la maison...
Au lieu d’aller courir.
Je déteste les orages.
Je me retourne et je cherche un endroit pour m’abriter.
Rien.
C’est alors que le ciel se déchire.
Une voiture s’arrête à ma hauteur.
Je suis éblouie par sa couleur vive.
Tu veux monter ?
Allez, viens !
Oh non. Qu’est-ce que je dois faire ?
Dans cette voiture, ça pourrait tout aussi bien être l’ennemi public numéro un.
Je n’ai aucun moyen de le savoir.
Je n’arrive même pas à le voir distinctement.
La foudre tombe soudain si près que j’en ressens toute l’intensité.
À partir de ce moment-là, j’arrête de me poser des questions.
Je me précipite vers la voiture...
Et je me glisse à l’intérieur.
C’est mieux, là ?
Oui, beaucoup mieux.
Merci.
J’écarte mes cheveux trempés de mes yeux...
Et j’essaie de reprendre mon souffle.
Ce n’est qu’à ce moment-là que je peux observer mon preux chevalier avec attention.
Et je suis mortifiée.
Il aurait mieux valu tomber sur l’ennemi public numéro un.
Ou encore être frappée par la foudre.
C’est toi ???
Oui, c’est bien moi.
Il sait exactement pourquoi ça me met dans tous mes états.
Je m’apprête à ouvrir la portière.
Mais Collin m’en empêche.
Hé.
Vaudrait mieux pas retourner dehors.
Il pleut des cordes.
Sans parler des éclairs.
Et t’habites à des centaines de mètres d’ici.
Ce qu’est sûr, c’est que j’ai pas du tout envie d’être là.
Je respire fort...
Et je suis complètement trempée.
Mes vêtements me collent à la peau.
Une minute. C’est pas ta voiture, ça.
C’est celle de mon frère.
Elle est toute neuve.
Il le sait que tu l’a prise ?
Pas vraiment.
Je hoche la tête.
Son frère va le tuer…
Enfin, si je le fais pas avant lui.
Je voudrais qu’on recolle les morceaux, Alexis.
Je suis désolé.
Eh bien, je n’accepte pas tes excuses.
Non mais, quel culot !
Ça ne lui a pas suffi de me briser le cœur.
Il veut maintenant que je lui pardonne ?
Et qu’on soit amis à nouveau ?
Je lui ai tout raconté.
Je lui ai ouvert mon cœur…
Juste avant de finir par l’embrasser.
Je sais.
J’ai pas assuré.
Je t’ai fait part de mes sentiments.
Et après ça, tu m’as ignorée…
Pendant trois mois.
Alors qu’on était amis depuis l’école primaire.
Qu’on déjeunait ensemble tous les jours.
Et qu’on allait aux bals de l’école ensemble.
Bon, juste en tant qu’amis...
Mais quand même.
Après tout ce qu'on avait vécu ensemble...
Finir par m’ignorer ?
Je secoue la tête.
La pluie balaie le pare-brise.
Je suis désolé.
Ça, tu l’a déjà dit.
Je lui lance un regard noir.
Les larmes me montent aux yeux.
Le tonnerre retentit.
Les éclairs sont de plus en plus rapprochés.
J’en ai le souffle coupé.
C’est pas tombé loin.
Je soupire.
Et puis je me tourne vers Collin.
Qu’est-ce que tu faisais en voiture par ici ?
Cette route ne mène nulle part.
Elle finit carrément en cul-de-sac.
Je savais qu’un orage se préparait.
Je me suis dit que tu serais peut-être en train de courir par ici.
Je voulais pas que tu te fasses tremper.
Il baisse soudainement les yeux.
Faut croire que j’ai pas été assez rapide.
Il me regarde à nouveau dans les yeux.
Mieux vaut tard que jamais ?
Je comprends à son regard qu’il ne parle plus vraiment de l’orage.
Je croise les bras sur ma poitrine.
Tu m’as manqué, Alexis.
Mon cœur s’emballe.
Je voulais t’appeler.
Pourquoi tu l’as pas fait ?
T’as perdu mon numéro ?
Non.
Son regard se porte sur le pare-brise.
J’avais peur qu’en allant trop loin…
Je risquais de gâcher notre amitié.
Mais j’ai paniqué…
Et je t’ai perdue quand même.
Eh ouais.
Collin se passe la main dans les cheveux.
J’adore quand il fait ça.
Qu’est-ce que tu cherches, au juste ?
Je ferais n’importe quoi.
N’importe quoi ?
Il acquiesce.
Je le prends au mot.
Alors demande-moi pardon, mais dehors.
Je dis ça juste parce que je sais qu’il ne le fera pas.
Collin n’aime pas trop les orages, lui non plus.
En plein orage ?
Il jette un œil dehors.
Il pleut tellement qu’on ne distingue même pas la route.
Tu veux vraiment que je te demande pardon sous cette pluie battante ?
Non, pas vraiment.
Je réprime un léger sourire.
Mais bon, si tu étais vraiment sincère…
Alors, je sursaute tandis que Collin ouvre la portière…
Et qu’il sort de la voiture.
Tu fais quoi, là ?
Collin se dirige au-devant de la voiture.
Il lève les yeux au ciel.
Ses vêtements sont trempés en un rien de temps.
Il s’exclame alors dans le bruit et la fureur :
Alexis !
Je suis navré d’avoir été aussi bête !
Je porte la main à la bouche.
Et je lui réponds en criant moi aussi.
Sans savoir s’il peut m’entendre.
En plus d’être bête, t’es complètement cinglé !
Et je regrette aussi de pas t’avoir dit la vérité !
Moi aussi, je t’aime, Alexis !
Ça fait très longtemps que je t’aime !
Et je voudrais qu’on soit plus que des amis !
Sans trop réfléchir…
J’ouvre ma portière…
Je fais le tour de la voiture…
Et je me dresse face à lui.
Rentre là-dedans !
Tu détestes les orages !
Le ciel gronde.
Mais je n'y fais plus trop attention.
Comment est-ce qu’on peut se réconcilier ?
Si tu restes là, dehors ?
Et que moi, je suis dans la voiture ?
On va se réconcilier ?
Je me protège les yeux de la pluie.
J’en sais rien.
Mais je suis pas contre.
Collin s’approche de moi.
Ça mérite un baiser, ça, je pense.
On s’embrasse et tout est oublié ?
Oui.
Et tu vas pas flipper à nouveau ?
Il fait non de la tête.
Et maintenant, j’ai bien peur que ce soit moi qui manque de cran.
Mon cœur bat si fort...
J’ai l’impression qu’il est sur le point d’exploser dans ma poitrine.
Collin m’attire près de lui sous la pluie...
Et pose doucement ses lèvres contre les miennes.
Boom !
C’était le tonnerre ?
Ou mon cœur qui a explosé ?
Je n’en sais trop rien...
Et je m’en fiche.
Alors que nous relâchons notre étreinte...
Le ciel s’illumine à nouveau.
Moi, je retourne à l’intérieur !
On se met alors à l’abri en riant.
Et puis on reste là, dans la voiture…
Et on s’embrasse à nouveau.
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