Épanouissement - Épisode 1
by J. Gilbert
Je fixe les feuilles ramollos de ma plante en pot d’un air furieux.
Mais qu’est-ce qui t’arrive, à la fin ?
C’est à cet instant que je remarque un autocollant sur le côté du pot :
« JARDINERIE BLOSSOM. »
« Un problème avec vos plantes ? »
« Parlez-en à notre expert en jardinage sur FaceTime ! »
Je suis assez désespérée pour tenter le coup…
Et je suis heureuse de l’avoir fait lorsque je vois celui qui me répond.
Ce mec est TROP MIGNON :
Des yeux noisette, une barbe de plusieurs jours et le plus adorable sourire qui soit.
Il me fait un petit signe qui fait s’emballer mon cœur.
Salut ! Je suis Simon, de la jardinerie Blossom !
Comment est-ce que je peux t’être utile ?
J’en oublierais presque comment parler.
Il est mignon *à ce point*.
Oh ! Euh…
Avec un sourire penaud, je lui montre ma plante.
J’ai besoin d’un petit coup de main avec elle.
Simon fait la grimace.
Aïe ! Oui, on dirait bien.
Des amis me l’ont offerte…
Pour plaisanter.
Je n’ai jamais réussi à garder une plante en vie.
Et si celle-ci meurt aussi…
Je n’ai pas fini d’en entendre parler.
L’air pensif, Simon se frotte le menton.
Comment est-ce que tu t’en occupes ?
Eh bien, je l’arrose copieusement, et…
Simon me sourit sur l’écran.
Le mystère est résolu !
Cette plante est une Patte d’Ours, de la famille des succulentes.
Les succulentes n’ont pas besoin de beaucoup d’eau.
Une petite lichette de temps en temps…
Et ce petit ours se portera comme un charme.
Vraiment ??
Merci, Simon !
Avec plaisir…
Il s’interrompt, attendant que je me présente.
Oh ! Je m’appelle Amy.
Avec plaisir, Amy.
N’hésite pas à me rappeler si tu as de nouveau besoin d’aide.
Simon a raison…
Après quelque temps, ma plante a meilleure mine…
Du moins au début.
Mais ses feuilles se mettent à brunir, et je dois bien reconnaître…
Qu’avoir un prétexte pour rappeler Simon ne me dérange pas vraiment.
Son visage s’illumine lorsqu’il me voit.
Amy ! Comment va le petit ours ?
Mon cœur s’accélère sous le coup de la joie…
Il se souvient de moi !
Pas terrible.
Je lui montre la plante.
Il plisse les yeux en l’observant à l’écran.
La plante a besoin de plus de soleil.
Essaie de la laisser sur un appui de fenêtre.
Tu t’y connais tellement !
Simon a un petit rire et me montre son t-shirt « Jardinerie Blossom » du doigt.
C’est mon travail.
Si seulement ils me laissaient travailler avec les plantes plus souvent…
Ils ne le font pas ?
Sa voix se fait morose.
Ma patronne me laisse toujours à l’assistance téléphonique.
Mais ce que je voudrais vraiment faire, c’est…
Il secoue la tête comme pour chasser sa tristesse.
Peu importe.
Rappelle-moi si tu as encore besoin d’aide.
Après avoir raccroché…
Je me demande ce qu’il s’apprêtait à dire.
Les jours passent…
Et j’ai presque ENVIE que ma plante ait un autre problème.
Au début, elle s’épanouit sur l’appui de fenêtre.
Mais soudain…
Elle se met à perdre des feuilles.
Oui !
Un nouveau prétexte pour parler à Simon.
Il a un petit rire en décrochant.
Son rire me fait naître des papillons dans le ventre.
Le petit ours a encore des soucis ?
Je lui montre le dernier problème en date de ma plante.
Est-ce que tu as essayé de lui donner de l’engrais ?
Je n’en ai pas.
Je n’imaginais pas que ce serait si compliqué de garder ce machin en vie !
Simon glousse.
Tu n’as pas besoin de beaucoup d’engrais pour une si petite plante.
Je peux de te faire parvenir un échantillon de la jardinerie.
Ce serait génial ! Merci !
Je lui donne mon adresse.
Et soudain…
Je ne peux m’empêcher de lui poser la question.
La dernière fois qu’on s’est parlés, tu as dit que tu voulais quelque chose.
Qu’est-ce que c’était ?
Il soupire ; le temps d’un instant, son expression devient songeuse.
J’aimerais qu’il dise : « Un rendez-vous avec toi, Amy… »
Mais je sais que ce ne sera pas le cas.
Ce que je voudrais vraiment…
Ce serait avoir ma propre petite jardinerie.
Avec une serre et une boutique.
Ça te trotte dans la tête, j’ai l’impression.
Tous les jours.
Alors, lance-toi !
Il faudrait que je quitte ce boulot et que je prenne un gros risque.
On doit tous prendre des risques, de temps en temps.
D’ailleurs…
Je me mords la lèvre tandis qu’une sensation grisante d’anticipation emplit ma poitrine.
Je suis moi-même sur le point de prendre un risque.
Simon, tu me plais beaucoup.
Est-ce que tu voudrais qu’on sorte quelque part, un de ces jours ?
Voilà ! Je l’ai fait !
Mais Simon pince les lèvres en une mince ligne trahissant son malaise.
Simon ?
Je suis désolé. C’est juste que…
Il sourit…
Mais pas du sourire sympathique et nigaud qui me fait craquer.
Bonne chance avec ta plante.
Je m’occupe tout de suite de te faire parvenir cet échantillon d’engrais par courrier.
Il met fin à l’appel.
Il ne m’a même pas dit de le rappeler si j’avais encore besoin d’aide.
Aïe.
L’engrais fonctionne à merveille.
Un mois plus tard, ma petite plante s’épanouit à merveille…
Et il n’y a rien que je désire plus que parler à Simon encore une fois…
Au moins pour m’excuser d’avoir jeté un malaise entre nous.
Je pourrais me rendre à la jardinerie…
Mais j’ai peur de le mettre encore plus mal à l’aise.
Je décide d’appeler la jardinerie sur FaceTime une dernière fois.
Une femme plus âgée décroche.
Bonjour, je m’appelle Holly !
Comment puis-je vous aider ?
Est-ce que je pourrais parler à Simon ?
Holly fronce les sourcils.
Simon ne travaille plus ici.
Mon cœur se serre.
Oh ! Je l’ignorais.
Comment puis-je le joindre ?
Je suis désolée, je ne peux pas vous communiquer cette information.
Est-ce que je peux vous aider dans le domaine des plantes ?
Je jette un œil à ma succulente en pleine santé.
Non. Merci quand même.
Je raccroche ; je me sens étrangement perdue.
Avec son seul prénom…
Je n’ai aucun moyen d’entrer en contact avec Simon.
Je touche l’une des feuilles de ma plante.
Tu es tout ce qu’il me reste de lui, petit ours.
Une semaine plus tard
Je ne reconnais pas le numéro qui essaie de me joindre sur FaceTime…
Mais lorsque je décroche, je reconnais immédiatement ce sourire.
Simon !!
Il hausse les épaules d’un air désolé.
J’ai gardé ton numéro ; j’espère que je n’ai pas trop l’air d’un psychopathe.
Du tout.
Je suis tellement contente que tu m’appelles.
Je voulais m’excuser d’avoir créé un malaise entre nous.
Quoi ? Non.
J’avoue que tu m’as pris par surprise en m’invitant à sortir…
Mais ce n’est pas pour ça que j’ai raccroché.
Ma patronne était dans le coin.
Elle ne tolère pas que les employés draguent les clients…
Et elle s’est fait des idées.
Elle m’a viré.
Ma prise de risque stupide t’a coûté ton TRAVAIL ?
Tu dois me détester !
Mais il se contente de rire.
Ta prise de risque a été la meilleure chose qu’on ait jamais faite pour moi.
Perdre ce travail m’a permis de réaliser que tu avais raison :
L’heure était venue pour moi de prendre un risque.
Jette un œil sur ton porche.
Elle devrait avoir été livrée.
Perplexe, j’ouvre ma porte d’entrée.
Une petite succulente se trouve sur mon poche.
Ses feuilles sont d’un superbe rose chair.
Elle est adorable !
C’est une variété connue sous le nom de « Premier Baiser ».
Je rougis.
C’est à cet instant que je remarque l’étiquette de la plante :
« LES SUCCULENTES DE SIMON. »
J’en reste bouche bée.
Attends, est-ce que tu…
Son sourire est exalté et incroyablement fier.
Je lance ma propre affaire.
Tout ça grâce à toi.
Je vais prospecter plusieurs endroits, un peu plus tard, d’ailleurs…
Et je me suis dit que tu aimerais peut-être venir avec moi.
J’adorerais ça !
Génial. Et, Amy ?
Oui ?
Je n’ai pas pu le dire l’autre fois…
Mais à moi aussi, tu me plais.
Mes joues s’enflamment et rivalisent avec le rose de la succulente qu’il m’a envoyée.
Et je pense que c’est un risque qui vaut la peine qu’on le prenne.
Moi aussi.
Il sourit de toutes ses dents.
Je crois que je ne me lasserai jamais de ce sourire.
Je passe te prendre plus tard.
Après avoir raccroché, j’installe le Premier Baiser près de ma Patte d’Ours.
Et voilà. Maintenant, vous pouvez vous épanouir ensemble.
Et si ce n’est pas le cas…
Je souris, prête à imploser d’une joie étourdissante.
Je sais exactement qui appeler pour recevoir de l’aide.
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